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Coronavirus : la fin de la société du spectacle ?

Updated: Apr 26, 2020

Le 23 mars 2020


Comme un coup de tonnerre dans nos vies.

Une crise au sens fort et vrai du terme. "Crisis", en latin médiéval, renvoyait à la manifestation violente et brutale d'une maladie. Nous y sommes aujourd’hui avec le coronavirus Covid-19.

Mais ce que cette crise rend surtout manifeste, c’est la maladie qui touche nos sociétés depuis longtemps déjà : le mensonge et le spectacle.

Le spectacle, tel que l’a défini Guy Debord, présente le monde dans lequel nous vivons comme une énorme positivité indiscutable et inaccessible. Le spectacle est à la fois le résultat et le projet du mode de production capitaliste. Le spectacle ne dit rien de plus que: ce que vous est imposé est bon, ce qui est bon est là posé sous vous yeux.


Le marché est roi. Et c’est bien lui que les autorités ont protégé avant de protéger nos vies.

Il est de bon ton de saboter les services publics au nom de ce marché.

Il est normal qu’une infirmière soit payée au lance pierre et qu’un trader à Wall Street, qui brasse du vent, récolte vingt fois le salaire de ceux qui œuvrent pour le bien public.

Les faiseurs d’opinion sont ceux qu’on vous prescrit à hautes doses médiatiques. Les autres, ceux qui ont une voix dissonante ou originale doivent rester invisibles et inaudibles.

La bonne nouvelle est que toute crise appelle des prises de conscience. D'ailleurs, lorsqu’on on remonte plus en amont dans l'étymologie du mot crise, on retrouve le grec krisis qui signifie décision.


Il va falloir en finir avec ce marché.

Remettre au cœur de nos sociétés les valeurs du service public et du bien commun.

Moquer les faiseurs d’opinions et leurs complices qui leur donnent pignon sur rue.

Prendre part à la vie et non plus au spectacle, lieu du regard abusé, de la mise en scène de soi, du narcissisme et de la fausse conscience.

Mais prenons garde, le spectacle ne va pas se laisser faire sans résister. Il n’a en général ni peur ni honte de rien. Il est sans foi ni loi.

Le marché n’abdiquera pas de sitôt.

Les services publics ne se remettront pas en place comme par miracle.

Soyez certains qu’on songe déjà, à Wall Street et ailleurs, à la meilleure manière de tirer bénéfice de toute cette situation. Goldman and Sachs pour ne citer qu’eux, nous concoctent déjà des études mises à jour, qui calculent les bénéfices de l’enseignement en ligne et à distance.

On applaudit de bonne foi le personnel médical, sans se rendre compte que nous agissons là encore comme si nous étions au spectacle, en lançant des hourras et des bravos. N’oublions pas que la meilleure manière de récompenser nos infirmières et nos infirmiers sera notamment de nous battre pour qu’ils aient enfin des salaires dignes de ce nom et des conditions de travail viables.

On nous abreuve de textes ineptes sur les bonheurs du confinement à la campagne ou dans des appartements cossus, on glose sur les conséquences de cette crise sanitaire sur la laïcité. Et il ne se trouve pas un seul rédacteur en chef, pas un seul responsable de la rédaction, pas une seule âme sensée pour demander à des auteurs, incapables de recul, de revoir, ne serait-ce que sensiblement, leur copie.

Il faut encore et toujours produire du spectacle et se gargariser de sa contemplation.

Quand cette crise sera passée, et elle passera, il nous faudra et de toutes nos forces, mettre fin à cette énorme mascarade.


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