La vague et l'océan
Updated: Apr 26, 2020
Le 28 mars 2020
Il est un enseignement simple dans toute pratique méditative. Dès que l’on se sent submergé par une émotion difficile comme la peur, l’anxiété ou la colère, on essaye de se souvenir que cette émotion n’est qu’une vague passagère. Selon les épreuves et les moments, cette vague peut être dévastatrice, durer plusieurs jours, nous emporter avec elle dans un tourbillon où nous perdons tout contrôle, mais ce n’est qu’une vague. Elle passera.
La meilleure façon de se convaincre de l’aspect éphémère de cette vague est de l’accepter, de l’accueillir puis d’élargir sa vision, de trouver le souffle nécessaire pour relever la tête et regarder au-delà et se souvenir que nous ne sommes pas seulement cette vague mais l’océan.
Ce que nous affrontons aujourd’hui est une crise mondiale à laquelle rien ne nous avait préparé. La vague est immense, elle emporte tout sur son passage. Nous cherchons un ancrage. Nous rions d’elle pour nous donner du courage. Nous nageons à contre-courant. Battant des mains, battant des pieds en travaillant et en obéissant aux injonctions qui poussent à la continuité professionnelle, pédagogique et que sais-je encore.
Mais il y a ceux qui se noient déjà et que la vague a emportés. Il y a ceux que la vague a saisis et qui combattent la maladie de toutes leurs forces. Il y a ceux que la vague va ruiner. Il y a ceux qui entrevoient déjà combien les plus vulnérables sont ceux qui seront les plus touchés. Il y ceux qui ne parviennent pas à faire abstraction de tous ces morts qui nous entourent désormais et dont il faudra faire le deuil en tant que société.
Où que l’on regarde, où que l’on s’abrite la vague déferle et il est pour le moment quasi impossible de voir au loin le calme rassurant de l’horizon, de se convaincre que le rivage est proche et que nous sommes davantage que cette peur qui nous étreint. Pourtant, nous y arriverons avec le temps, avec beaucoup de solidarité, de bon sens et de calme. Nos scientifiques trouveront un remède mais aussi et surtout un vaccin.
Ménageons donc nos forces, la lutte va être longue. La maladie va dévaster des familles entières, mettre l'économie mondiale à terre. Quand tout cela sera fini, nous nous réveillerons dans un monde qu’il nous est impossible d’imaginer ou de concevoir. Il nous faudra toute notre énergie pour reconstruire et pour que l’amour et l’entraide prévalent.
Pour que nous devenions à nouveau l’océan.

The Great Wave off the Coast of Kanagawa Hokusai1831