Présidentielles américaines vues du Maine (3) Inquiétude politique
Something is in the air.
C’est assez difficile à mettre en mots. Cela ne repose sur aucune analyse politique, aucune lecture savante des sondages sur aucun éditorial prophétique.
Quoique. Le New York Times est sorti cette semaine de sa sacro-sainte neutralité et a appelé, à travers plusieurs articles très documentés, à explicitement voter contre Trump, indiquant bien que les Américains sont fébriles et que la partie est loin d’être gagnée.
Alors oui, les visages sont crispés, les corps nerveux, les discussions tendues. Car un nouveau mandat de Trump, sur fond de pandémie et de crise économique et de montée des extrêmes est véritablement une perspective effrayante.
On essaie de plaisanter mais le cœur y est de moins en moins. J’avoue que Trump ne me fait plus rire depuis longtemps et que ses interventions du printemps, au plus fort de la crise sanitaire, face à un Dr Fauci incroyable de courage et de dignité, ont achevé de me convaincre que l’écouter était une perte de temps et d’énergie considérables.
La nervosité vient aussi du fait que Trump, s’il perd, a bien fait comprendre qu’il ne partirait pas sans mener un dernier combat, sous-entendant que ces élections ne seraient légitimes que si elles le déclaraient gagnant.
Aidé par l’aile droite des Républicains, il n’a de cesse de discréditer le vote par correspondance qui est l’option que choisissent les populations les plus vulnérables pendant cette pandémie mais également les populations latinos et noires dont le vote a été rendu de plus en plus difficile ces dernières années.
Il y a aussi le fait que les résultats vont se faire attendre car le décompte des voix par correspondance prendra plus de temps que de coutume, d’autant plus que dans certains états clefs comme la Pennsylvanie, ce décompte ne pourra commencer qu’à la clôture officielle des votes le soir du 3 novembre. Il semble donc probable, en cas de résultats serrés, de n'avoir de verdict final qu'à la mi-novembre.
Et Trump qui n’est pas à une déclaration surréaliste près, n’a de cesse de répéter qu’il est nécessaire de connaître le vainqueur le soir même des élections, ce qui est mathématiquement impossible.
Quoiqu’il advienne donc, il va falloir s’armer de patience car le navire va tanguer et nous voilà donc dans l’attente fébrile de la tempête à venir. Craignant la nausée, le mal de mer et pire encore. S’efforçant de fredonner pour se donner du courage et préserver un semblant d’équilibre intérieur.
Something is in the air.
